A quelques semaines du début d'une tournée commune aux US (avant Paris, le 7 septembre), on retrouve les 2 poids lourds du rap ricain : Eminem et 50 Cent, dans l'arrière-salle d'un studio photo de Détroit. A leur niveau, on aurait pu se taper un resto super classe, mais ils ont préféré, en scrèd, les fajitas au poulet et haricots, réchauffées, à 3, 29 dollars, de Taco Bell. "A ce qu'il paraît, Taco Bell, c'est le plus sain de tous les fast-foods !" lâche Eminem, ravi ... Interview croisée, en exclu, entre 2 potos et Mc's superstars ...

Commençons par Fitfy ...
Eminem : P*****, et moi, j'suis quoi ? Du pâté en tranches ?

Donc, Fifty, ta devise était "Get Rich Or Die Tryin'" (Devenir riche ou mourir en essayant, Ndlr). Puis tu as vendu 11 millions d'albums. Maintenant, tu es donc bourré de fric !
50 Cent : Ouais. Maintenant, c'est "Get Richer or die tryin'" (Devenir encore plus riche ou mourir en essayant, Ndlr)". (Rires)

Mais tu continues quand même de t'embrouiller avec des gens. Sur Like Toy Soldiers, Eminem se dit prêt à laisser les beefs derrière lui. Mais sur ton album, tu as un diss track, Piggy Bank, et tu as également eu maille à partir avec ton partenaire de label, The Game. Es-tu obsédé par le côté "die tryin'" ?
50 Cent : J'ai écouté la chanson d'Eminem et je l'ai appréciée, mais, au fond de moi, je ne l'ai pas trouvée réaliste. Je réponds aux actions des autres personnes. Si je n'écrivais pas sur ce qui me gêne et me dérange, je ne saurais pas sur quoi écrire. Et Piggy Bank ne concerne que les faits. Quand je parle de Jadakiss, je dis de lui qu'il est local. Mais il le dit lui-même sur son morceau Why ?, son seul bon morceau : "Pourquoi mon buzz à L.A. n'est pas celui que j'ai à New York ?" Je parle de Nas qui s'est fait tatouer Kelis sur son bras. Vérifie son bras. Fat Joe, j'ai vendu 11 millions et son album n'a pas fait aussi bien. Tout ce que je dis dans cette chanson peut être vérifié dans les faits.

Em, est-ce que tout ça te place dans une position bizarre, dans la mesure où tu es plutôt en bons termes avec Fat Joe et Nas ?
Eminem : 50 est assez grand pour savoir ce qu'il fait. Je ne peux pas l'empêcher de parler des gens, de la même manière qu'il ne pourrait pas m'en empêcher. Nous avons eu des discussions à propos de Piggy Bank. Mais je ne vais pas le censurer. Si n'importe quoi au sein de la famille Shady/Aftermath se sent assez fort pour affronter ce genre de situation, alors qui je suis pour les en empêcher. Et 9 fois sur 10, je suis d'accord avec tout ce qui se fait à l'intérieur du label.
50 Cent : Les gens me regardent comme si c'était moi qui disjonctais. Genre : "Il s'en fout. Il aime bien les embrouilles." A ces gens-là, je dirais : le gamin dans la cour d'école qui ne veut pas se battre repart toujours avec un oeil au beurre noir. C'est ma vie. Si tu as peur, on te fait du mal. Tu te fais rejeter. Tu es une victime. Donc je prends juste les devants, et quand les embrouilles arrivent, peu importe. Je passe au travers. Et je suis passé au travers pas mal de fois.
Eminem : Donc 50 est fou ...
50 Cent : Tout le monde le sait. Seules 3 personnes peuvent me traiter de fou : Eminem, Dr Dre et ma grand-mère.

Vous avez tous les 2 connus des débuts modestes. Est-ce qu'avoir du succès correspond à tout ce que vous aviez pu imaginer ?
50 Cent : C'est plus que ce que j'imaginais.

C'est le contraire de ce que les stars disent généralement. Peux-tu t'expliquer ?
50 Cent : Le succès procure de bonnes sensations. Je parle cash, mais laisse-moi t'expliquer ce qui m'effraie. J'ai peur de ne plus avoir de succès. J'aime tellement les sensations que ça te procure que je ferais tout ce que j'ai à faire pour atteindre l'échelon supérieur. Je me souviens, quand j'étais le seul à croire en moi, je ne pouvais compter que sur ma propre énergie. Parfois, ma grand-mère ne croyait pas que j'allais y arriver. Je suis un peu fou parce qu'une fois que je me suis fixé un but à atteindre, je ne lâche pas le morceau tant que je ne l'ai pas atteint. L'entêtement est ce qui m'a permis d'avoir du succès. Après m'être fait tiré dessus, je me suis fait jeter de chez Columbia Records. Je me suis retrouvé à tourner en rond, en train de disjoncter. Mais je me suis remis d'aplomb et j'ai fait ce que j'avais à faire. Tout ça devait m'arriver.

Maintenant, d'autres rappeurs se font tirer dessus et ça fait partie de leur plan marketing.
50 Cent : Tu sais quoi ? Va dire à ton nouvel artiste d'aller se faire shooter pour le marketing. Il aura la trouille au cul. Ce n'est pas du p***** de marketing. C'est la dure réalité. C'est le genre de m**** qui arrive dans cet environnement. Est-il fréquent que quelqu'un se fasse tirer dessus dans le hood ?

C'est plutôt commun.
50 Cent : C'est ce que je dis. Le truc, c'est que quand tu viens de là, tu te bases sur tes propres expériences pour écrire. Je peux faire un morceau comme I'm High All The Time (Je suis tout le temps déchiré.) Maintenant, je ne consomme pas de drogue moi-même, mais j'ai écrit cette chanson parce que je sais qu'il y a 500 000 personnes qui achètent régulièrement des disques et qui ne veulent rien faire d'autre que se défoncer en les écoutant.

Em', l'époque où tu abusais de substances a été plutôt bien développée dans tes chansons. Est-ce qu'aujourd'hui tu es sur la même longueur d'ondes que 50 ?
50 Cent : En d'autres termes, est-ce que tu es complètement défoncé quand tu rentres à la maison ?
Eminem : Ouais, je m'allume un blunt et je dis : Hailie, mets ton pyjama ! (Il simule des inhalations, Ndlr) Non, man, je suis en mode Papa. A un moment, j'ai été frustré d'être en tournée pendant des semaines et de ne pas pouvoir la voir. Mais maintenant, financièrement, j'ai la possibilité de donner des concerts sur 3 ou 4 jours dans la semaine et de revenir ensuite à la maison pour 3 jours.
50 Cent : Mais moi, je continue à tourner quand il rentre chez lui !

Vous voilà réunis, les 2 plus grosses stars du hip-hop, mais vous n'êtes pas seulement des associés en affaires et des collaborateurs puisque vous entretenez aussi une amitié. Est-ce que vous parlez ou trainez souvent ensemble ?
Eminem : En fait, on parle plus qu'on ne traîne ensemble, parce qu'on vit tous les deux à des endroits différents. Et puis, je peux être en studio et lui en train de donner un show, mais nous ne perdons jamais le contact.
50 Cent : Le seul moment où tu ne peux pas parler à Em', c'est quand il fait un album. Dans ce cas, il arrête tout le reste et personne ne peut le joindre jusqu'à ce qu'il ait fini. Il ouvre alors la porte à Dr Dre et je peux entrer un instant.

Est-ce que vous critiquez le travail de l'autre ?
50 Cent : Il y a des idées qu'Em' et Dre aiment plus que d'autres. J'ai enregistré un morceau, P.I.M.P Part II. J'ai remarqué que Dre n'était pas trop emballé par le truc, donc je l'ai retiré. Ce que tu peux entendre sur mon album est vraiment du même ordre que les standards d'Eminem et Dr Dre.

Vous ne cachez pas tous les 2 que les relations avec vos pères respectifs ont été plutôt inexistantes. Est-ce que Dre a joué le rôle d'une figure paternelle pour vous ?

Eminem : Je ne dirais pas une figure paternelle. Dre n'est pas aussi vieux que ça. Mais il a été incontestablement un mentor. J'ai souvent parlé de toutes les choses que j'ai apprises de Dre, du point de vue du bizness, de la production de beats, de la patience, comme rester assis en studio et travailler jusqu'à ce que ce soit bon.

50 Cent : J'ai beaucoup appris de Dre et Marshall. C'est facile de prendre la grosse tête quand tu fais aussi bien que ce que j'ai fait avec mon 1er album, en vendant 11 millions d'albums. Ce qui me permet de garder les pieds sur terre, c'est qu'Em a vendu 18 millions de son dernier LP. Dre minimise régulièrement ce que j'ai réalisé

Interview exclusive 50 CENT & EMINEM, RENCONTRE AU SUMMUM, paru sur "Rap & R'n'B le mag n° 1, N° 84.

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